Départ matinal pour nulle part ailleurs (3ème partie)
COURT RECIT D'UNE JOURNÉE TOUT À FAIT COMME UNE AUTRE DANS UN LIEU RÉELEMENT PAS COMME LES AUTRES.
Les "vaqueros" (garçons-vachers, cow-boys), n'ont pas manqué d'applaudir avec gaieté les nouveaux arrivants pour manifester leur approbation, leur respect et leur estime envers ces inconnus différents; ces "passager d'un autre espace". Les nouveaux venus sont un peu intimidés, légèrement nerveux de découvrir leur monture pour la première fois, d'approcher ces fabuleux équidés aux allures très spéciales peu connues hors le milieu sud-américain. Ils sont gênés de devoir côtoyer d'aussi près, ces hommes quasiment nés sur un cheval. Beaucoup des participants ne parlent pas obligatoirement la langue espagnole, comprennent parfois assez peu les réflexions des dominicains et très faiblement leurs chansons hardies. Toutefois, l'alchimie s'opère spontanément de façon aisée. Entre gens de chevaux, l'amour commun de ce noble animal rapproche facilement. Chacun trouve ses propres marques. Maintenant on ose demander des explications quant à la monte. Ce qu'on doit faire pour suggérer l'allure à son "Paso Criollo", la manière de tenir ses rênes, l'attitude la meilleure à prendre pour le faire stopper, le faire avancer, ce qu'il faut lui ordonner pour l'arrêter, ou bien, le comportement le plus facile à adopter en selle pour obtenir le meilleur amble. Chacun a bien entendu observé que la merveilleuse monture, pouvait aller à différentes allures tout aussi rapides et confortables les unes que les autres suivant la manière de se tenir en selle. Les questions fusent vite, traduites aussitôt avec soins par le responsable du groupe des "vaqueros", pour savoir si les techniques équestres sont les mêmes ici que chez eux, "qu'ailleurs". Heureusement, assez rapidement, chacun sait de quoi il parle. Le langage est universel dès qu'il s'agit d'équitation et de procédés pour monter un cheval.
Huit heures ! C'est le départ pour nulle part ailleurs. Peut-être "Las Coloradas" vers l'occident ou "Los Husos" plus au sud, toujours plus haut , plus loin dans les contreforts de la cordillère, à la naissance d'une multitude de ruisseaux et de rivières que l'on devra traverser à gué. Le groupe est joyeux, moqueur, tous sont maintenant décontractés, taquins. Les nouveaux venus s'appliquent à retrouver leur anciennes sensations de cavaliers confirmés. Ils prennent la mesure de leurs montures. Apprécient cette fameuse allure, toute nouvelle pour eux, que l'on appelle communément le "Paso". Les autres, les accompagnateurs quant à eux aguerris, constatent les capacités équestres des premiers et surveillent avec attention le comportement des chevaux. Alors, rassuré sur l'ambiance décontractée et l'aspect affiché par tous les cavaliers de la chevauchée, celui qui est en tête de la colonne reprend plaisantin, une fois de plus avec beaucoup de malice dans la voix pour ses vieux compagnons de route et un peu aussi pour les autres : "Yo soy presa de su amor, de su ritmo, su calor - Su bachata tiene una hipnosis - Me refiero a su querer - Que perfume de su piel - Soy completa cuando estoy con él - No me atrevo ni a pensar - Un dÃa me faltará - El es mi otra mitad - En mi realidad - El es parte de mi ser y él es mi rayo de luz - El le da el tuno a mi canción, oh-oo-oh Su melodia soy yo (para mi voz) - A mi vida le pone calor y real es lo que siento como un sueño – Oh eh, oh eh, oh eh oh, oh ah – Oh eh, oh eh, oh eh oh, oh eh oh eh,oh ah........."
La piste serpente à travers champs, au milieu d'innombrables et gigantesques palmiers royaux fièrement dressés comme à la parade, les uns à côté des autres. Elle s'achemine le long de ravines profondes où coule en cahotant une eau claire et intrépide, traverse de petites plantations isolées de caféiers qui paraissent tout à fait sauvages.
La petite colonne bien rassemblée sur la petite sente tortueuse, assez peu étirée malgré les nombreux arrêts pour tenir la pose photo, passe d'un côté à l'autre les nombreuses petites cacaotières, remarquables plantations de cacaoyers de cette île mythique. Ce Jardin de l'Eden aux terres à la richesse insondable où l'on racontait jadis qu'un métal précieux d'un jaune brillant se trouvait en telle abondance qu'il coulait des rivières... Étendue tropicale, splendide et surprenante de biodiversité, au milieu de l'océan.
Dans le passé, les Indiens Tainos constituaient la plus ancienne civilisation de cette île et l'appelaient "Quisqueya", qu'ils peuplaient pacifiquement en assez grand nombre. L'origine de ce peuple qui connaissait déjà le tabac et le cacao, pourrait s'apparenter aux Maya du Yucatán ou aux indiens du Guatemala. De très nombreux mots actuels ont d'ailleurs été empruntés au Taino. Par exemple le tabac vient de "tabacu". De même "anana" en Taino, veut dire ananas. Hamac (hamaca), iguane (iguana) etc... C'est lors de chaque interruption d'allure, pendant un bref arrêt le long de la piste, que le responsable de la petite colonne, profite pour indiquer au groupe intéressé un petit détail d'histoire, commenter le paysage alentours, décrire un village aperçu en contre bas, énoncer quelques détails du vocabulaire des indiens Tainos, relater une anecdote sur certains évènements passés. Tenter d'expliquer le mode de fonctionnement social d'une tribu indienne dont on connaît assez peu la manière de se comporter en société et qui semblait s'articuler autour de quatre groupes bien distincts. Le "Guare" ou "Cacique", chef suprême. Sous ses ordres, les "Bohiques" assuraient le suivi des croyances religieuses. Les "Nitainos", eux, désignaient les nobles alors que les "Naborias" seraient quant à eux, de simples villageois. En fait, de petites gens travaillant la terre et cultivant à longueur de journée les collines et les vallées environnantes et notamment le tabac et les cacaoyers.
La petite troupe pénètre maintenant dans une vallée assez peu profonde où un ruisseau inconnu et tumultueux décrit de nombreuses sinuosités à travers de petites plantations de "batatas" (patates douces). Pendant ce temps, certains cavaliers étrangers s'entrainent à imiter et à apprendre les chants des vieux cow boys latins (Vaqueros), qui continuent à débiter d'une manière monotone leurs psaumes hardis. Il est bientôt midi et la faim se fait maintenant sentir. Cela va être le moment de s'arrêter pour pique niquer au bord de nombreuses petites cascades formées par le ruisseau qui court, toujours actif, énergique, agité, tumultueux. Les chants continuent... la soif assèche les papilles. Il est grand temps de trouver une aire confortable de détente pour déjeuner et se relaxer. "Tú eres en mi vida la fuerza, la inspiración, el valor, la alegrÃa de estar aquÃ. Tú eres en mi vida, toda mi fe, mi ilusión, mi pasión. Como un torrente fluyendo hacia mà tu no puedes parar quiero empaparme de tÃ, sumergirme en tu mar. Tú eres en mi vida la fuerza, la inspiración, mi pasión, mi alegrÃa de estar aquÃ. Tú eres en mi vida, toda mi fe, mi ilusión, mi pasión, la alegrÃa de vivir junto a tÃ. Es que tú eres mi razón de vivir".
L'endroit propice est aperçu ! Juste un petit espace enclavé entre les versants verdoyants de la ravine, le ruisseau inconnu et les rochers moussus qui affleurent par endroits hors la verdure abondante. C'est largement suffisant pour préparer le "barbacoa" (barbecue). Certains "Vaqueros" s'activent et alignent la claie en bois pour griller la viande transportée par la mule de bât. Dans quelques instants, le "boucan" (lieu où se cuit la viande), sera tout à fait aménagé. D'autres, en profitent pour fouiner autour des goyaviers voisins, à la recherche de "goyabas" (goyaves). Ceux qui surveillent le feu et la cuisson entament avec aptitude, un autre poème à caractère égrillard, reprit par tous les autres unanimement:
"¡Vamos! Yo quiero enhornar en tu horno hermoso; Pues tengo con qué prender y ahogar la llama, Quiero acariciarte en lo más hondo del alma,
Y quiero hacerte morir con un buen trozo. Chiquita, creemos un nuevo pasatiempo. Nada vale el cantor que sólo dice una gama, Haced, pues, de señor, y yo seré la dama, Aprieta, avanza, entra y sale con tiento. Yo me moveré con ardiente salto apriesa, Juntos nuestros pies, nuestra boca que se besa: La lengua inquieta entre los dos se irá mojando. Juguemos parados, de lado, por detrás, -No a la italiana- y siempre conversando: A Citerea place esta diversidad". Un psaume plus romantique, plus amoureux, plus romanesque, plus émotionnel, est ensuite retrouvé par leur mémoire commune : "Sus labios besan de la miel Como un sueño Sus besos rozando mi piel - Es tan bello Tu bello estado tu querer - Yo te siento Como un sueñ Como, como un sue-eh-eh-eh-ño Como un sue-eh-eh-eh-ño...".
(Ã suivre)
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